17h15, Antichrist, de Lars Van Trier en séance de rattrapage à Bazin. Je suis totalement incapable de parler de ce film à l’instant où j’écris, sinon, pour dire que c’est sûrement l’expérience cinématographique la plus physiquement violente et épuisante que j’ai connue, probablement à cause de mon état physique et psychologique en plein délabrement après 9 jours de festival, mais sûrement grâce au projet cinématographique fou de LVT. J’en reparlerai donc très rapidement, impossible d’en exprimer plus.
Retour à l’appartement à la fin du film pour mater tous ensemble la remise des prix. Romain est déjà reparti à Paris. Je reçois un sms sympa de se part.... On se retrouve tous devant la téloche et autour d'un Côtes de Provence.
Palmarès donc : Une Palme pour Le ruban blanc qui est ultra logique. Le film va s’inscrire dans l’histoire du cinéma comme un geste artistique et politique fort. C’est un très beau et grand film par un Haneke au sommet de son art. Les Prix d’interprétation forcent l’admiration, puisque tout le monde s’accordait à dire que la croisette que le nazi de Tarantino était génial, même s’il est l’un des huit-dix acteurs principaux. Charlotte Gainsbourg, elle, vu le niveau de sa performance chez LVT hérite aussi d’un prix logique. Si ce n’était pas elle, j’aurais bien aimé voir le jeune Katie Jarvis dans Fish Tank.
Le Grand Prix revient logiquement lui aussi à Le prophète de Jacques Audiard, film qui avait fait l’unanimité depuis sa présentation samedi dernier. Il semble que ce soit sur ce film que les jurés se soient pris la tête, un certain nombre d’entre eux voulant lui donner la Palme (comme James gray paraît-il).
Le Prix Exceptionnel est un acte fort et généreux, car il récompense Resnais, évidemment pour l’ensemble de sa carrière, mais surtout pour un beau film, drôle, léger, intelligent, décalé, plutôt qu’une croute d’un vieillard sur le déclin.
Mais à mes yeux, le vrai culot de ce palmarès est le Prix de la mise en scène à Kinatay de Mendoza. Comme je l’ai écrit après l'avoir vu, ce geste cinématographique radical, n’est un film ni plaisant, ni complaisant, ni séducteur. Il eut été dommage qu’il reçoive un autre Prix que celui-ci (n’étant pas non plus tout à fait à la hauteur d’une Palme). Mendoza, dans une démarche documentariste, mais parfois Lynchienne aussi, ose et est récompensé à juste titre. De quoi effacer la bronca qui avait accueilli son précédent film l’année dernière également en compétition.
Mon seul regret, l’absence au palmarès du film de Souleiman, Le temps qu’il reste. Très fort, très beau, jubilatoire en bien des points, il est vraiment dommage de ne pas le retrouver quelque part au palmarès.
Fin de la cérémonie, départ de la première équipe. Je reste seul à l’appart’, le temps de finir ma valise, la bouteille de rosé et mon teuche, commenter au téléphone le palmarès, et direction la gare pour le train de nuit. J’y retrouve Mathieu qui distribue à la fois Antichrist et Le ruban blanc. Il en est au 30ème sms de félicitations, il a l’impression qu’il vient de se marier. Notre train à plus d’une demi-heure de retard. Lorsqu’il arrive enfin, on n’en peut plus. Il sera grand temps de dormir. Je me retrouve dans la même couchette qu’un autre distributeur. Re-discussion sur la plateforme du train jusqu’à minuit.
Puis dodo.
Arrivée à Austerlitz avec une heure de retard. Avec Mathieu, on se prend un café, il me file le génial T-shirt d’Antichrist que René le Danois m’avait promis samedi soir. J’espère bientôt revoir ce fou.
Retour maison, douche, métro, boulot.
11h30, j’suis au boulot.
Téléphone.
Je décroche.
A l’appareil : -allo, alors ça y est ? t’es rentré de Cannes ? t’as bien bronzé ?